Num. 67 | interview 02
Entretien avec le jazzman tunisien Nizar Boutbal,
leader du Kif-Kif Quartet
Bleda Rock Magazine | 04.09.05 | 17h24

Bleda Rock a eu l'occasion de rencontrer Nizar Boutbal le fondateur de la toute dernière découverte de la scène Jazz de Sfax, "The Kif-Kif Quartet" lors de son passage à Nabeul pour le dernier concert de la tournée nationale du groupe. Nizar Boutbal est un artiste hors pairs, hors norme et hors-d'oeuvres. Derrière un garçon d'apparence timide et réservée se cache un musicien engagé et talentueux.

Bleda R: Pourquoi avoir choisi ce nom ?
Nizar B: Nizar? (rire)
B.R: Non, "Boutbal"! (plus de rire)
N.B: Parce que mon arrière grand père était "zakkar" de profession (encore plus de rire que le rire précédent- qui lui était déjà pas mal)
B.R: Bon, ça commence bien...
N.B: non, mais...blague à part, mon arrière grand-père était vraiment un zakkar. Il était médiocre à ce qu'il parait, mais il aimait ça.
B.R: C'est la participation qui compte (trad. "il 3ibra fil mousharka")
N.B: oui... (silence)
B.R: alors, d'ou vient le nom du groupe?
N.B: et bien c'est simple, "Quartet" parce que nous sommes 4 musiciens, et puis on a choisi "Kifkif" parce que nous sommes tous égaux...
B.R: L'égalité est un sujet qui vous touche?
N.B: oui c'est un sujet très important, aujourd'hui l'écart entre riches et pauvres et le fossé entre nord et sud ne cessent de s'accroître,
B.R: il parait que votre entrée en scène lors du concert que vous avez donné a Béjà la semaine dernière a pas mal choqué le public?
N.B: hélas oui...
B.R: vous êtes apparemment apparus sur scène avec des foulards sur la tête...
N.B: seulement moi et Imed, les deux filles, Lamia et Amel ne portaient pas de foulard et c'est justement ça qu'a choqué pas mal de gens...
B.R: vous faites semblant de vous étonner, mais en fait vous l'avez bien cherché cette réaction, c'était de la provoc quoi...
N.B: c'est un message d'égalité entre hommes et femmes que nous voulions diffuser...
B.R.: mais alors pourquoi ne pas avoir tous porté le foulard pour vraiment faire kif-kif ?
N.B: justement, dans notre société les hommes ne portent pas le foulard mais ils ont le droit de voir des femmes le porter, sur scène pendant notre concert à Béjà nous avons donné la même plaisir aux femmes: elles ont droit de voir des hommes porter le voile sans être obligées de le porter elles-mêmes...
B.R: c'est quoi cette logique? C'est du n'importe quoi! Bon, et si on parlait un peu des membres du groupe?
N.B: The Kif-Kif Quartet est composé de Imed Khmais un contrebassiste extraordinaire, au Piano c'est Lamia Gorbita et aux percussions Amel Boujormana et puis moi je chante et je joue au saxo. On s'est rencontré pendant la première année à la fac de droit et depuis on ne se sépare plus...
B.R: Quelles sont vos inspirations?
N.B: personnellement c'est grâce à Miles Davis et à Coltrane que je suis tombé amoureux du Jazz...en ce moment j'écoute du Clifford Thornton, Sun Ra et Archie Shepp...
B.R: Un petit mot sur vos projets futurs?
N.B: Beaucoup de projets surtout dans la région du Sahel et aussi au cap-bon. Nous allons participer au festival international d'improvisation à Korba en Janvier et nous travaillons sur la musique d'un nouveau film de Chedly Belgawria qui s'intitulera "Chid issaff kil 3bed". Nous allons également enregistrer un morceau avec un jeune groupe de jazz expérimental de 7ammem Soussa. Et puis finalement on nous a demandé de faire l'ouverture de la première édition du festival de Jazz de Mjaz el Beb, "The M-Jazz L-Bab Festival" mais nous attendons encore confirmation des organisateurs... Tu sais nous sommes toujours très forts en organisation ! (rire)
B.R: Et bien bon courage pour tout ça et surtout nous espérons que vous allez continuer à innover et à enrichir la scène Jazz en Tunisie et pourquoi pas aussi à l'étranger!
N.B: de ta bouche à dieu (traduction: 'min fommik il rabbi'), et merci à Bleda Rock pour l'intérêt que vous portez à notre groupe et au free jazz tunisien!

Propos recueillis pour Bleda Rock par J.L.N

Bleda Rock Disclaimer: Les personnages et les situations de ce récit/interview étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite. (wallah j'te jure!)